À Paul Meurice.

29 juillet [1859].

Je le crois bien qu’il faut toute âme. Quelle bonté et quelle tendre déférence vous avez de discuter cela ! C’eût été tout bonnement une grosse faute. La recommandation de Hetzel serait dangereuse si elle allait jusqu’à protéger de telles bévues. Voici de quoi il est question (mais d’abord, cher et admirable ami, il faut que je vous dise combien je suis heureux que vous soyez content. Vous êtes cinq ou six qui êtes pour moi les étoiles du succès. Je crois en effet qu’il y a quelque chose dans ce livre. Maintenant je ferme la parenthèse, et je viens à l’affaire correction d’épreuves). J’ai en effet un peu mon orthographe et ma ponctuation. Tout écrivain a la sienne, à commencer par Voltaire. L’intelligence de l’imprimeur est de respecter cette orthographe qui fait partie du style de l’écrivain. Ainsi j’écris lys et non lis. Je vous ai déjà dit pourquoi. Les correcteurs ont deux maladies, les majuscules et les virgules, deux détails qui défigurent ou coupent le vers. Je les épouille le plus que je peux. Les correcteurs ordinaires ne se doutent pas qu’un vers n’a pas la même physionomie qu’une ligne de prose, et que cette physionomie, gâtée quelquefois par une grosse lettre intempestive, doit être en quelque sorte étudiée vers à vers. Vous pouvez lire ceci à M. Claye qui est, je le sais, fort distingué d’esprit, et qui comprendra.

Je vous envoie en hâte les bon à tirer après corrections (indiquées par moi) des cinq premières feuilles. Vous aurez les deux autres tout de suite. On pourrait très bien m’envoyer les épreuves sur papier très fin en coupant les marges sous enveloppe à l’adresse de M. Aug. Vacquerie — à Guernesey. Je renverrais les errata courrier par courrier comme aujourd’hui.

Charles me prie de vous demander si la Bohême dorée a paru, et s’il y aurait moyen qu’il en reçût un exemplaire par la poste.

À bientôt. Merci, merci, merci encore. Je ne saurais vous dire avec quel attendrissement je vous aime.

Je crois qu’il serait bon de paraître le plus tôt possible.

Répit d’une demi-heure à la poste. J’en profite pour rouvrir ma lettre et l’augmenter du bon à tirer de la feuille VI. Vous aurez demain la VII.

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