London. À Madame Victor Hugo.

Dimanche 31 juillet [1859].

Envoie à Auguste ma part de remerciement pour ce doux brin d’herbe qui va prendre place parmi mes reliques. Je t’écris quelques mots en hâte. J’ai 160 pages à corriger aujourd’hui. La Légende des Siècles paraît vouloir prendre le mors aux dents. Chère amie, Londres est inquiétant à cette heure, et je regrette fort votre prolongation de séjour.

Je t’envoie cependant la semaine que tu désires (sept jours, 130 fr. en une traite de 5 liv. 4 schellings payable à ton ordre chez Sam. Dobrée. Tu la trouveras sous ce pli).

Le samedi est le jour commode pour revenir. C’est donc du samedi 30 juillet au samedi 6 août que ton retour sera reculé. Nous t’attendons sans faute ce jour-là. Je fais faire force de voiles aux ouvriers. Mais tu connais leur sage lenteur. Tu trouveras cependant quelque changement dans la maison. On commence à la venir voir par curiosité. Mais je ferme la porte le plus que je peux. Les anglais quittent Londres en foule et se réfugient ici et à Jersey. Une femme anglaise qui est venue me voir hier m’a dit que Londres était vraiment dangereux.

À samedi donc, et je vous embrasse toutes deux bien tendrement.

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