À Auguste Vacquerie.

H.-H. Dimanche 13 mai [1860].

Accablé comme vous l’êtes de travaux et d’affaires, cher Auguste, vous êtes bien bon de vous offrir à moi si gracieusement pour l’affaire Lucrèce Borgia, et moi j’accepte avec vivacité, vu que je ne connais pas de meilleur conseiller et de meilleur point d’appui que vous. Donc voici les questions :

1° Je ne sais plus trop où en sont les théâtres aujourd’hui. Qu’est-ce que le Cirque ? jadis le parterre était pris par les chevaux. L’a-t-on rendu aux hommes ?

2° Si oui, vous savez que je suis peu aristocrate en fait de théâtres, mais enfin quel est votre avis ? faut-il faire jouer Lucrèce Borgia au Cirque ? Silva sine consule digna, ce théâtre peut-il avoir à un jour donné une physionomie littéraire ?

3° M. Hostein ferait-il grandement les choses, décors, costumes, mise en scène ? Cela importe.

4° Cela doit être un coup. Après l’éclipse, il faut le rayonnement. L’obtiendrait-on de cette façon ? Quel est votre avis ?

5° Comment la pièce serait-elle jouée ?

6° Il va sans dire que j’ignore le gouvernement. Y a-t-il lieu à autorisation ? cela ne me regarde pas. Qu’on s’arrange. Je dis mieux. Je ne veux absolument rien faire pour tirer le régime actuel du petit cul-de-sac où il s’est mis en ce qui me concerne par l’interdiction de mon répertoire.

Enfin, pensez à ce que j’oublie. Soyez assez bon pour voir M. Hostein de ma part. Dites-lui que vous me représentez, et écrivez-moi vos impressions et votre avis définitif. Remercîments de todo el mio corazon.

Seriez-vous assez bon pour remettre vous-même ce mot à Mme Clarisse Miroir ? lisez-le, ensuite cachetez de noir.

Dites à M. Mario Proth que nous ne recevons point du tout la Revue internationale. Je regrette de n’avoir point lu l’article qui me concerne, j’eusse écrit à l’auteur pour le remercier.

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