À Nefftzer.

12 juin Hauteville-House [1860].

Vous l’ai-je déjà dit ? oui probablement. Vos lettres dans l’exil sont pour moi ce qu’était votre apparition dans la prison : — de la joie. — Il y a en vous tout ce que j’aime : la pensée haute, le ferme esprit, le brave cœur. Nous contestions sur Dieu autrefois ; je suis sûr que nous serions d’accord aujourd’hui. Il faut détruire toutes les religions afin de reconstruire Dieu. J’entends : le reconstruire dans l’homme. Dieu, c’est la vérité, c’est la justice, c’est la bonté ; c’est le droit et c’est l’amour ; c’est pour lui que je souffre et c’est pour lui que vous luttez. Je le remercie à toutes les heures de ma vie, aujourd’hui surtout qu’il me fait cet immense honneur de m’éprouver. L’adversité, quelle élection !

Nous vous aimons ici ; nous parlons bien souvent de vous ; mes fils vous regrettent, et je vous désire. Aussi quand vous m’écrivez, il me semble que vous me serrez la main.

Merci — et à vous toujours.

Victor Hugo.

Mes hommages à votre charmante et gracieuse femme.

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