À Mario Proth.

Hauteville-House 19 juillet 1860.

Monsieur,

Trois numéros d’une revue excellente, la Revue internationale, m’ont été envoyés. J’y ai trouvé mon nom écrit par vous, et prononcé avec un accent qui m’a ému. Je connais depuis un certain temps déjà votre jeune et généreux talent, et je suis des yeux avec un intérêt profond votre esprit qui grandit et qui monte. Vous avez en vous le sens de ce grand siècle où nous sommes, vous comprenez la liberté, le progrès, la France, le génie, l’art, vous êtes une âme faite pour les larges essors. J’aime dans ma solitude tous ceux qui tentent l’œuvre sainte, tous ceux qui soutiennent la lutte sacrée, tous ceux qui secouent de la lumière et de la vie dans l’ombre qui voudrait revenir, tous ceux qui sont bons, sincères, vaillants et forts ; vous êtes de ceux-là. Vous comprenez fièrement votre droit et votre devoir, qui sont de marcher en tête des nouvelles générations, et de leur éclairer la voie. Courage donc. Ce que vous faites est bien. L’avenir glorieux vous attend. Je vous serre la main, et je suis du fond du cœur avec vous.

Victor Hugo.

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