À Paul Meurice.

19 juillet [1860].

Encore un boisseau de lettres que je vous envoie. Cinq du coup. (Michelet. Guérin. Mario Proth. Lebailly. Hetzel). Hetzel est-il à Paris ? Je le pense. Est-il encore hôtel Valois ? Vous l’avez vu sans doute, et vous aurez facilement son adresse. Soyez assez bon pour acheminer tous mes messages. Esto Colomba mea.

Je suis en plein dans les Misérables, mais l’œuvre est à perte de vue, et me mènera plus loin que je ne croyais. Je ne pense pas avoir fini avant décembre. Ceci veut dire qu’il faut que vous veniez sans vous préoccuper de son achèvement. Cela ne m’empêchera pas de vous en lire des bribes, si vous désirez toujours voir çà et là un ongle ou un orteil du monstre. Je me figure, si cette lettre surnageait, les Planche et les Sainte-Beuve et les cuistres futurs devisant sur ce mot : montre. Il en convient donc ! s’écriraient-ils. Habemus confitentem. — Voyez-vous quelquefois notre cher Parfait ? Je voudrais bien que vous vissiez Deschanel, qui est un gracieux et ferme esprit. Il est venu ici, et je lui ai déraisonné de vous. — Quelle œuvre préparez-vous en ce moment ? Faites-m’en confidence. J’aime voir votre couvée, mon noble et doux cygne.

Décidément nous n’aurons pas d’été. Juillet n’est qu’un avril médiocre. Dans deux mois l’automne. Qu’elle soit la bienvenue, puisqu’elle doit vous amener ! Parlez un peu de moi à ceux qui m’aiment. Mon speech fait rage en ce moment en Italie. — Tout va.

À vous.

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