À Charles.

H.-H., 18 octobre [1861].

Tu sais maintenant, mon petit Charles, pourquoi j’avais gardé le silence. C’était afin de faciliter à MM. Lacroix et Cie le rachat du traité Gosselin-Renduel. Pour cela il importait que la signature du traité ne fût pas ébruitée. Lis la lettre ci-jointe. Elle achèvera de t’expliquer toute l’affaire. Quand tu auras lu la lettre, cachette-la, et porte-la immédiatement à MM. Verboeckhoven et Lacroix. Si tu avais là sous la main quelqu’un qui pût faire une copie de la lettre, que tu m’enverrais, je crois qu’il serait utile de garder trace de cette lettre. J’ai peur, entre nous, que M. Lacroix, dans son intérêt, n’ait fait une faute, en ne traitant pas l’affaire Gosselin-Renduel avant tout ébruitement.

Tu dois être dans le travail jusqu’au cou. J’y suis par-dessus la tête. Il faut être prêt à livrer du 15 novembre au 15 décembre la première partie des Misérables. Du reste, tu connais le traité sans doute, et tu sais que les conditions sont celles que je voulais ; il a fallu cela pour me décider. M. Lacroix, quoiqu’il ait rédigé le traité d’une façon un peu diffuse, a été très net, très rond, très franc.

Je vous embrasse tous les trois, mes chers bien-aimés.

V.

Tout va bien ici. Temps superbe. Une suite de journées d’été. Depuis le 14, on refait la façade de la maison. Toute la vieille écorce est enlevée. Aujourd’hui on a commencé à lui coller sur le corps la peau neuve.

Victor travaille et prospère. — Je t’embrasse tendrement mon petit Charles.

Remercie M. E. Allix de ce qu’il m’a envoyé et du petit mot du cœur qu’il m’a écrit. J’espère un succès à Haïti.

N’oublie pas de cacheter la lettre avant de la remettre.

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