À Albert Lacroix.

Hauteville-House, 13 mars [1862].

Mon cher monsieur, en même temps que cette lettre vous recevrez, paquet chargé, la troisième partie intitulée Marius. Deux volumes, huit livres. Cinq livres pour le tome premier, trois pour le tome II. Les titres des huit livres sont :

I. Paris étudié dans son atome.
II. Le grand bourgeois.
III. L’aïeul et le petit-fils.
IV. Les amis de l’A. B. C.
V. Excellence du malheur.
VI. Conjonction de deux étoiles.
VII. Patron-minette.
VIII. Le mauvais pauvre.

En tout 137 feuillets.

Vous trouverez sous ce pli le reçu des 60 000 francs, et le bulletin du post-master constatant l’envoi à votre adresse du paquet chargé. Le coût du paquet est de une livre sterling, quatre shellings, six pence.

Le paquet est sous double enveloppe, noué d’une corde et scellé de cinq cachets noirs. J’y ai empreint mon cachet de pair de France, je reproduis ce cachet sur cette lettre pour que vous puissiez constater que rien n’a été ouvert. J’ai abdiqué ces armoiries depuis la république ; mais je les emploie aujourd’hui pour votre sécurité comme moyen de contrôle.

Vous reconnaîtrez, je crois, de plus en plus, la vérité de ce que je vous disais à Guernesey des Misérables. « Ce livre, c’est l’histoire mêlée au drame, c’est le siècle, c’est un vaste miroir reflétant le genre humain pris sur le fait à un jour donné de sa vie immense ».


Le titre de la IVe partie sera très probablement :

L’idylle rue Plumet

et

l’épopée rue Saint-Denis.

Je désire beaucoup que rien dans le travail de revision ne vienne faire obstacle à ce titre qui est très bon. J’espère tout à fait pouvoir m’y tenir.

Le titre de la cinquième partie sera toujours : Jean Valjean.

Je vous envoie deux feuilles corrigées dont un bon à tirer.

Maintenant que vos ouvriers sont nécessairement dans le secret, il faut m’envoyer les épreuves avec les titres courants au haut des pages, car c’est toujours un danger de laisser ce petit remaniement derrière soi quand on donne un bon à tirer. La raison pour ne pas mettre ces titres courants n’existe plus.

Je vous écrirai demain. Il faut songer en effet à la publication. Communiquer des extraits à tous les journaux à la fois le même jour, la veille de la publication ou le jour même. Chargez-vous de Bruxelles, Meurice et Vacquerie se chargeront de Paris. Ne rien donner à l’avance à aucun journal. On les mécontente tous pour en satisfaire un.

Mille affectueux compliments

V.

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