À Auguste Vacquerie.

H.-H., 23 mai [1862].

Cher Auguste, est-ce que vous voudrez bien transmettre ces trois lettres. Je vous remercie, je reçois aujourd’hui par vous L’Indépendance de la Charente. Les journaux anglais annoncent que le succès grandit. Cependant les journaux français me semblent bien silencieux. Le Siècle n’a donc rien publié ? Le lancement belge, comme dit Lacroix, a été complètement manqué ; L’Indépendance n’a pas eu même un extrait, et n’a pas soufflé mot. Quoi, même Paul Foucher ? Je deviens donc obscène ? Sérieusement, il y a eu complète négligence de l’annonce de la mise en vente à Bruxelles. Dites-en un mot de ma part à M. Lacroix, s’il est encore à Paris. J’écris dans ce sens à Bruxelles. Pour ce qui est de Paris, il me semble que les journaux amis se taisent pendant que les journaux ennemis attaquent. D’où cela vient-il ? Y a-t-il ordre de quelque part ? Vous savez qu’on peut aller aussi vite qu’on voudra. Bruxelles a tout le manuscrit. Donnez-moi quelques détails sur ce qui se passe à Paris. Y a-t-il un dessous de cartes ?

M. Lacroix a dû vous parler d’une grosse question. Quelques passages dans ce qui va venir semblent dangereux (j’ai peur que M. Lacroix n’ait fait quelque communication imprudente). On me demande des suppressions (seulement pour l’édition en France). Vous verrez, vous consulterez MM. Claye et Pagnerre, intéressés, je ferai ce que, vous et Meurice, vous conseillerez. Autre question : ne serait-il pas bon de publier aussi les quatre derniers volumes en bloc ? Moins de tiraillement et l’effet de la barricade un peu amorti par l’effet du dénouement qui est intime et en larmes. Pesez. Décidez.

Norma esto.

Est-il vrai, comme M. Ferrier l’insinue, que quelques amis blâment l’esprit du livre Waterloo ? Ils seraient donc bien déraisonnables. Je dis son fait à Napoléon, durement même, mais je regagne la bataille. Faut-il s’obstiner à la perdre, comme Charras et Quinet ? Quelle faute pour un parti de se dénationaliser ! Cette faute-là, je ne la ferai jamais. Et puis, est-ce que les amis de l’ABC ne sont pas l’apothéose et le triomphe de la république ? Les amis dont parle M. Ferrier seraient bien ingrats ; mais je pense qu’il se trompe. Dites-moi quelques mots à ce sujet.

Je vous embrasse et suis vôtre.

V.

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