À Jules Janin.

Hauteville-House, 3 juillet 1862.

En lisant cette troisième page exquise que vous venez d’écrire sur Les Misérables, je suis triste de penser que le livre vous échappe, que je cesse d’appartenir à vous, mon frère, et que désormais je vais avoir affaire à mon précepteur. Mais dites donc un peu à ce charmant Eraste que c’est un grand malheur que de perdre Jules Janin, et que je veux qu’il me plaigne. Toute notre jeunesse m’apparaît quand je vous lis, les grands arbres, les Roches, cette douce et puissante musique de Mlle Louise. Votre franc rire de poëte et vos profondes saillies de penseur à la table de ce noble vieillard, notre ami, Édouard, Armand, les enfants, quel passé ! Et tout cela s’éclipse quand j’en lis un autre. Et vous ne voulez pas que je sois triste ! Si, je le suis, car je vous aime.

V. H.

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