À Nefftzer.

Hauteville-House, 1er juillet [1862].

Le Temps du 29 juin m’arrive. Je viens de lire les quarante lignes écrites par vous sur la fin des Misérables, prenez-vous-en à vous, ami des bons et des mauvais jours, je suis ému et charmé, et je viens vous demander de faire vous-même le compte rendu de ce livre, dont excepté vous, il n’a pas encore été parlé dans Le Temps. Vous voyez que je suis ambitieux. C’est à la tête que je m’adresse. C’est à l’esprit-chef.

Oui, vous Nefftzer, avec votre noble conscience, avec votre cœur charmant, avec votre esprit où la grandeur allemande se complète par la lumière française, avec votre beau style net et en même temps profond, avec votre amour de l’art et du peuple, avec votre science du réel et votre intuition de l’idéal, vous ferez sur Les Misérables une chose admirable, vous écrirez une grande page, vous relèverez la critique des grands journaux français qui, à l’occasion de ce livre, est, vous le savez, sévèrement jugée à l’étranger.

Je vous demande de continuer ces nobles paroles que vous avez commencées. Et laissez-moi vous remercier d’avance, et me féliciter, et vous dire que je suis à vous du fond du cœur.

Victor Hugo.

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