À Émile Deschamps.

16 octobre 1863, Hauteville-House.

Merci, cher Émile, de vos quatre pages charmantes et douces. Votre ami, M. A. Hélie, vous dira comment j’ai dû, à mon retour ici, les déterrer dans une montagne de lettres. Me voici heureux, je vous lis ; il me semble que je vous vois ; je sens de la chaleur, c’est votre cœur qui est près de moi.

Je suis plus difficile pour vous que vous. Je veux que madame Victor Hugo reparle de vous et en reparle tout à fait comme il me convient. La suite du livre vous montrera que ma gronderie intime a réussi.

Cher Émile, mon rocher remercie votre Versailles. Je ne suis plus seul quand votre amitié me dit : je suis là.

Vous êtes pour moi la vie, la joie, la poésie, la jeunesse. Où sont nos belles années ? dans nos âmes. Tout a disparu, rien n’est perdu. Votre noble et charmant esprit a bien fait de se souvenir de moi ; tout à l’heure, quand j’ai ouvert votre lettre, il m’a semblé que la lumière entrait. J’embrasse Antoni ; je vous embrasse.

Tout à vous.


Vous savez que ma fille devient anglaise. Tel est l’exil.

Victor.

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