À George Sand.

Trêves, 26 août 1863.

Pardonnez, madame, à cet affreux papier d’auberge. Je voyage en ce moment, et je vous écris sur le coin de la première table venue. Je suis à Trêves, parmi toutes sortes de belles choses, et comment ne pas penser à vous ? J’ai lu la page noble, charmante et cordiale écrite par vous sur le livre de madame Victor Hugo. Il me semble que désormais ce livre est de vous deux ; vous le contresignez, vous le doublez de votre gloire. C’est là une illusion du cœur. Permettez-la-moi.

Vous ne savez pas à quel point je vous admire. Je saisis toutes les occasions de vous le dire, et je vous remercie de me donner celle-ci. Il y a eu, il y a peut-être encore, quelque chose, je ne sais quoi, qui s’est interposé entre vous et moi. Mais cela s’est dissipé, ou se dissipera. L’important pour moi, c’est que je vous aime et que je vous comprends. Vous avez une gloire unique et haute. Vous êtes la grande femme de votre siècle. Je vous admire sous les deux espèces, la grâce et la puissance et je me mets à vos pieds.

Victor Hugo.

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