À Madame Victor Hugo.

Dim. 11 7bre [1864]. Lichtenthal.

Chère amie, je pense à toi. Je suis avec tes fils. Tu es dans toutes nos paroles. Ni à Mayence, ni dans les mains de Charles, je n’ai trouvé de lettre de toi. J’en espérais une, je prends ma revanche de ton silence en parlant de toi sans cesse. J’espère qu’avant peu nous allons nous revoir dans ce doux Guernesey, si triste d’être délaissé. Que décides-tu pour A. ? Quand cette plaie (plus encore la sienne, hélas ! que la nôtre) sera guérie, nous pourrons peut-être avoir quelques derniers jours heureux. Je trouve Charles très bien. Il a une idée à laquelle je bats des mains. Trouver une femme qui lui aille, se marier, et venir se fixer à Guernesey. Il nous dit avoir horreur du Paris bâté où il a le regret d’être rentré. Victor et lui sont aux anges d’être ensemble, c’est la plus charmante fraternité qui soit, et je me sens doucement consolé en les regardant, si bons frères et si bons amis, unis par le sang et par la pensée, c’est bien doux. Que n’es-tu là ? Que n’est-elle là, elle aussi ! C’est incomplet et douloureux.

Je t’envoie ton mois du 15 7bre au 15 octobre. Vers la mi-octobre nous serons de retour à Guernesey, et tu pourras nous rejoindre tout de suite. Chère bien-aimée, ne sois pas triste. Tu as tant de cœurs qui t’aiment. Tu es grande par le cœur et par l’esprit. Je pense à toi avec une inexprimable douceur. Je t’envoie les tendresses, les baisers et les respects de tous.

V.

Écris-moi poste restante à Cologne à l’adresse François Hugo.

Paul Meurice te remettra les 400 francs. Voici un mot que tu lui porteras ou lui enverras.

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