Hauteville-House, 22 mars [1866].
Monsieur,
Si quelque jour une bonne fortune vous amène à Guernesey, vous verrez bien que j’eusse été heureux de vous serrer la main à Bade ; je n’ai de ma vie pensé aux gendarmes badois, car je ne les crois point au service des petites mauvaises humeurs.
Monsieur le duc de Bade ne m’est connu que par son extrême politesse. Si je me suis un peu évadé de Bade, c’est qu’il y avait trop de monde, une longue absence de Paris m’a rendu étrange et sauvage ; je me sens importun à la foule et je m’en vais. Quant à l’élite, surtout représentée par des hommes tels que vous, je l’aime et je la cherche.
J’aime aussi, c’est vrai, mes amis, et je les défends, et je me fâcherais si quelqu’un, devant moi, disait du mal de vous.
La page que vous avez bien voulu écrire sur moi est bonne et charmante, et je vous remercie.
Pardonnez-le-moi.
Victor Hugo.