À Auguste Vacquerie.

H.-H., 6 mars [1866].

Me suis-je donc mal expliqué ? J’avais conclu, cher Auguste, au maintien de la dédicace telle qu’elle est imprimée dans l’édition belge. Vous voyez à quel point nous sommes d’accord. À Guernesey, comme titre, est amphibologique. C’est pourquoi je n’ai rien mis. La dédicace parle et s’explique clairement toute seule. — Donc tout ce que vous faites est bien. — Si au lieu d’écrire quelques lignes hâtives, on causait, nous serions d’accord aussi sur la forme finale de la lutte de Gilliatt. C’est peut-être là une des originalités de ce livre. La prière est une arme obscure et immense de l’âme. (Pour moi. Dans ma pensée. Voyez sur la prière une page du chapitre la Cloche du port, qui est, je crois, absolument inattendue et neuve.) Toutes les armes épuisées, Gilliatt a recours à la dernière, avec inconscience, cela est vrai, mais la démonstration gagne à cette inconscience même. Il a combattu avec la force, qui est son épée, l’infini matière ; il tourne la prière, qui est son bouclier, vers l’infini âme ; et il triomphe. Qu’est-ce ? le triomphe de l’Homme. Vous voyez à quel point nous nous entendrions. J’ai mes idées sur la prière, et si je causais au lieu d’écrire, j’ajouterais : j’ai mes expériences. — Pas d’extraits aux journaux, et un extrait spécialement à La Revue des deux mondes, je me rallie tout à fait à ce mode. Du reste vous êtes les deux suprêmes juges. Je vous écris au galop.

Totus tuus.

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