À Henri Rochefort.

Hauteville-House, 16 mars [1866].

Mon jeune et charmant confrère.

Vous annoncez mon livre en trois pages éclatantes et généreuses. Je ne veux pas attendre pour vous remercier, les nouvelles marques d’une sympathie que vous me témoignez si noblement chaque jour. Je suis à ce qu’il paraît — en plus d’un lien littéraire et politique — impopulaire ; ce qui ne m’étonne pas, car on m’assure que Sa Majesté Napoléon III a la bonne fortune d’avoir supprimé la liberté, le droit, la tribune, la presse, la parole, le progrès, et même un peu le peuple, et d’être populaire. Si cela est, je me trouve bien comme je suis. L’envie ou l’applaudissement à Louis Bonaparte et la huée pour Victor Hugo. Passez-moi ce manque de modestie.

Je n’en sens que plus profondément la cordialité des nobles esprits et des nobles âmes. C’est une joie pour moi d’être en communion et en sympathie avec votre talent fier, exquis et libre. C’est une joie de le sentir et c’est une joie de le dire.

Nous nous sommes vus à Bruxelles il y a cinq ans, et cette rencontre est une des douces journées de mon exil.

Trouvez bon que je vous envoie ce que j’ai de meilleur dans le cœur.

Victor Hugo.

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