À Auguste Vacquerie.

H.-H., 23 Xbre [1866].

Vous ai-je dit et redit le succès de lecture du Fils, dans notre goum ? Je vous sais une admiratrice passionnée qui pourrait presque jouer la pièce. Vous avez le puissant style qui se grave dans les cerveaux où il y a de la cervelle. Vos scènes creusent l’âme par le pathétique et l’esprit par l’expression. Quelle puissance que le mot juste ! Allez, vous pouvez être bien tranquille. La qualité du succès que vous avez s’appelle dans l’avenir, gloire. Il faut bien que le scribouillage ait le présent puisqu’il n’a pas l’avenir. J’ai écrit en effet à M. Piédagnel. Il peut réclamer ma lettre aux bureaux de la Vigne. Son article était excellent et charmant. Mon droit à mes œuvres complètes est momentanément épuisé. Je lui envoie les Misérables. Voulez-vous prendre la peine de lui transmettre ce bon. Quant à la dame musicienne, elle peut m’écrire une lettre dans laquelle elle me dira que, d’après mon consentement, elle mettra en musique et pourra publier une série de quarante pièces à son choix, prises dans mes œuvres çà et là, à raison de vingt francs pour chaque pièce versés dans les mains de M. Paul Meurice pour mes petits enfants pauvres, et à la condition de ne jamais faire de choix ni de versement pour moins de trois pièces à la fois.

Vous êtes-vous remis à quelque grande œuvre ? À quoi travaillez-vous en ce moment ? — Les yeux de ma femme vont toujours de mieux en mieux. Elle va nous arriver. Nous la mettrons dans du coton. — Vous savez que ce pauvre Kesler sombrait, je lui ai tendu la perche, et le voilà sur mon radeau. Il fait désormais partie de Hauteville-House. Il rayonne, et c’est une joie pour moi de le voir sauvé et heureux.

Tuus.

V.

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