À Auguste Vacquerie.

H.-H., 29 Xbre [1866]. Samedi.

Gros temps. Le courrier est en retard.

En même temps que cette lettre, cher Auguste, vous recevrez, par envoi chargé, sur votre signature, un rouleau ficelé de papier gris à votre adresse (mentionnant : envoi de M me J. Chenay) contenant sept dessins. Un est pour vous, cela va sans dire, Fracta, sed invita. Cette devise, qui serait celle de la république et qui serait celle de la gloire, me paraît bien située en votre voisinage. Voudrez-vous lui donner place dans votre chambre ? Serez-vous ensuite assez bon pour transmettre le plus promptement et le plus sûrement possible les six autres dessins 1° à Paul Meurice, 2° à Paul de Saint-Victor, 3° au docteur Mandl (32, rue Tronchet), 4° à M. Ph. Burty (4, rue du Petit-Banquier), 5° à M. Lecanu, 6° à notre excellent et cher Émile Allix. Chaque dessin porte sa destination écrite de ma main.

Dites, je vous prie, à ma femme que je lui remettrai moi-même son dessin d’étrennes à Guernesey. Je ne lui écris pas, espérant qu’elle nous arrivera le 1er de l’an.

Dimanche 30, 5 h, du soir.

Le courrier arrive, j’ai votre lettre, et je n’ai que le temps de fermer celle-ci. 1° L’envoi Frond ne m’est pas encore parvenu. Dès que je l’aurai, je ferai ce qu’il désire. Merci d’avance, ex imo, pour ma biographie écrite par vous sur votre airain. 2° Je n’ai pas reçu davantage le livre Pensées et réflexions de M. H. Boucher. M. Bouchet m’est profondément sympathique, dites-le-lui. Dès que j’aurai son livre, je lui écrirai.

(Ce qui suit est très confidentiel : Il ne faut pas que Guérin vienne à Guernesey en ce moment. La plaie faite par lui à Marquand est, pour des raisons diverses, plus à vif que jamais. Il surgirait entre les deux beaux-frères des complications déplorables, surtout dans ce petit pays commère. Ne dites rien de cela à Guérin, mais trouvez moyen que Lequeux ait besoin de lui et ne puisse lui donner de congé. Dites la chose à ma femme, elle la connaît du reste. Recommandez-lui le secret.)

Je souhaite à l’année 1867 un Fils. Tâchez de le lui faire.

Siempre tuyo.

V.

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