À Jules Claretie, un des rédacteurs deL’Événement, 5, rue du Coq-Héron.

Bruxelles, 31 août [1866].

Monsieur, je vous remercie de m’avoir fait lire vos belles pages sur la guerre et votre livre pathétique et émouvant. Un souffle de progrès vivifie votre généreux esprit. Un drame poignant n’est qu’un drame ; si de hautes idées humaines et sociales y sont mêlées, c’est une œuvre. Voilà ce que vous avez fait, cher et noble écrivain.

Vous êtes digne de combattre la réaction favorisée par l’empire, et reparaissant aujourd’hui, en littérature comme en politique, sous tous ses pseudonymes, bon ordre, bon goût, etc., mots qui sont des mensonges. Ceci que je souligne, récemment écrit par moi, a fait grincer de colère tous les journaux absolutistes belges, anglais, etc. C’est un succès qui m’encourage, et qui vous encouragera aussi. Continuez. Vous êtes une âme vaillante en même temps qu’un charmant esprit. Je suis heureux de vous avoir l’autre jour serré la main dans ma maison, et je vous envoie mon remerciement dans un applaudissement.

Victor Hugo.

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