À Madame Chenay.

Chaudfontaine, 3 septembre [1866].

Tes lettres, chère Julie, nous sont bien arrivées. Ma femme en ce moment ne peut ni lire ni écrire ; mais nous l’entourons, et nous suppléons à ses yeux. Je l’ai amenée ici, parce que le paysage est un rideau vert. L’été, fournaise partout, est ici une simple étuve. On n’y rôtit pas, on y fond. C’est plus doux. Ma femme se trouve bien de cette buée chaude et de cette ombre fraîche. Elle a toute une forêt pour abat-jour.

Nous serons à Bruxelles vers le 10 septembre, et, si l’équinoxe ne s’y oppose pas trop, je compte être fin septembre et même plus tôt à Guernesey. Il est grand temps que je me remette au travail. Tout le monde est bien ici ; moi, mes spasmes nocturnes m’ont un peu repris, mais je n’en parle pas à ma famille qui s’inquiéterait, et il n’y a pas de quoi. Une simple friction à propos dissipe le symptôme. Je t’envoie les tendresses de tous ceux dont tes lettres nous parlent, plus le joli petit sourire du citoyen Georges. Victor est à Spa. Je t’embrasse sur les deux joues, chère Julie.

Ton frère.

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