À Madame Victor Hugo.

Samedi 26. H. H. [mai 1866].

Contre temps. La banque est fermée. Fête de la queen. Je ne pourrai t’envoyer l’argent d’Adèle que lundi, et au lieu de mardi soir, tu le recevras mercredi soir. Retard de vingt-quatre heures. Est-ce assez bête ce ricochet de la monarchie contre les démagogues ? Que dis-tu de cet infiniment petit guignon ?

Chère bien-aimée, je t’embrasse tendrement, et vous autres aussi, qui êtes trois morceaux de mon âme. Je sais que Charles et Alice s’adorent. Je bénis cette adoration. Qu’on soit heureux, voilà mon exigence.

Dimanche (confidentiel). M. Rascol, que Victor connaît, est en ce moment à Guernesey. Il a une librairie à Londres. Il me raconte avoir vendu depuis 1863 les Châtiments en quantité considérable. Ces Châtiments lui sont fournis par M. Lacroix, et m’appartiennent. Ils proviennent de la restitution Tarride et je les ai mis en dépôt chez Lacroix. M. Rascol les vend 5 francs, et autant qu’il en veut, dit-il. Depuis trois ans, M. Lacroix ne m’a rendu de cela aucun compte. Je voudrais qu’il me fît ce règlement à mon arrivée à Bruxelles. Je regrette qu’il n’en ait pas pris l’initiative. Enfin, s’il me rend bon compte, tout sera bien. Voici un mot pour lui que vous pouvez lire, et que je vous prie de lui remettre.

Je pense que le prochain courrier m’apportera des réponses aux questions, envoyées pour la quatrième fois.

Tu me reproches, chère amie, quelque sévérité pour M. Lacroix, je n’en ai aucune, mais j’ai bien quelques griefs. Toi-même me les signalais cet hiver. Je ne demande pas mieux que de les oublier, s’il les répare.

Tendre embrassement pour finir comme pour commencer.

Julie continue d’aller très bien. Elle vient de recevoir une lettre de son mari qui élude sa présence.

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