À Madame Victor Hugo.

H.-H., 4 Xbre [1866].

Chère bien-aimée, toi avant tout. Fais passer tout d’abord ce qui te soigne le mieux, et ce qui te plaît le plus. Ici, comme à Bruxelles, tu n’as autour de toi que des bras ouverts. Puisque le médecin te garde, c’est très bon signe ; cela prouve qu’il attend un effet prochain, et une amélioration rapide. J’y compte bien aussi, car tu sais que je ne doute pas plus de la bonté de tes yeux que de leur beauté. Cela dit, arrive-nous quand tu pourras, quand tu voudras. Le plus tôt sera le mieux pour mon vieux cœur qui t’aime bien. Je suis dans un coup de feu. Tout à faire à la fois. J’ai reçu d’Athènes (par M. Spartali, consul général de Grèce à Londres) une prière irrésistible d’intervenir pour les insurgés de Candie. C’est presque officiel, comme tu vois. Je t’envoie ma réponse à cette voix d’Athènes. J’ai reconnu dans ta lettre l’écriture de mon cher et charmant ami, le docteur Émile. Je le remercie avec effusion. Et je t’embrasse, et je t’embrasse.

Tout va bien ici. Seulement je n’ai plus le sou.

Transmets ces exemplaires de ma première aux Candiotes à Auguste et prie-le de les communiquer aux journaux amis, qui inséreront ce qu’ils pourront. Le Fils fait le tour de notre goum et y a le plus grand succès. C’est une idée pathétique, un drame poignant, et un style magistral. Voici ce que j’écris et ce que je crie, de ma stalle d’océan.

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