Madame Victor Hugo, 4, Place des Barricades.

H.-H., 3 avril [1866].

Je t’écris au dos d’une lettre de M. Bérardi bien cordiale que je t’envoie. Chère bien-aimée, tu dois te tromper dans ce que tu m’écris. Il est impossible que j’aie contristé Meurice. Si cela était, j’en serais plus que désolé. Jamais ami plus tendre et plus vrai n’a été plus vraiment et plus tendrement aimé de moi. Écris-le-lui tout net, je te prie. Je ne lis de journaux que ceux qui viennent ici. M. Wolff ne m’est connu que comme ancien rédacteur du Charivari, ayant été très bien pour Les Misérables. De là ma lettre. Du reste, dans cette lettre, je soutiens énergiquement mes amis. — Quant aux frontispices, je n’ai écrit qu’après une foule de réclamations, m’arrivant de toutes parts. Si je ne les ai pas envoyés directement à Auguste, et si je les ai fait passer par Bruxelles, c’est qu’Auguste m’avait prévenu qu’une lettre de moi à lui avait été ouverte (zèle du nouveau Piétri) et vidée, et j’ai craint que ce gros paquet ne fût intercepté et plus ou moins pillé par les gens de police. C’est pour le même motif que, tout en envoyant à Auguste un duplicata de ma lettre à M. Duvernois, je l’ai envoyée en même temps directement à La Liberté. Elle y a paru, en effet, criblée de fautes, au point d’être inintelligible, ou à peu près. Jamais Vacquerie et Meurice ne m’ont montré plus d’amitié et jamais je ne leur en ai rendu davantage. Je leur suis profondément reconnaissant. Je t’embrasse, chère amie, et mes autres aimés.

Sache si j’ai fait de la peine à Meurice. Écris-lui. C’est bien sans m’en douter, et je ne me consolerais pas d’avoir affligé un tel ami.

V.

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