À Pierre Véron.

Hauteville-House, 25 août.

Mon cher et cordial confrère.

Voici le moment de tenir votre charmante promesse. J’ai trouvé en arrivant ma masure tellement empirée dans son délabrement après deux ans d’absence, que je n’oserais vous y offrir un méchant coin. Mais n’espérez pas m’échapper, il y a, en face de Hauteville-House, un petit Family-Hotel créé exprès pour moi. Vous y habiteriez des chambres fort propres, à 1 fr. 50 par jour, et vous n’auriez que la rue à enjamber pour venir, matin et soir, prendre place à notre table de famille dont vous êtes. Le mois de septembre est très beau à Guernesey. Venez tous les trois, vous, votre belle convalescente et votre chère enfant, passer avec nous ce mois, qui est superbe et que vous ferez charmant.

On se lève et on se couche de bonne heure, les incorrigibles travaillent, les sages s’amusent, on mange du bon raisin et d’excellent poisson ; on s’aime de tout cœur, on vit tranquilles, et je vous dis : Venez, et je vous serre les mains, et je me mets aux pieds de votre noble et ravissante femme.

Sincer

Victor Hugo.

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