À Albert Lacroix.

H.-H., 3 Xbre.

Mon cher monsieur Lacroix,

Je viens de lire et d’annoter rapidement votre lettre à notre excellent ami commun M. Guérin. Elle contient beaucoup d’erreurs involontaires, et j’aurais pu multiplier les observations. J’aime mieux vous envoyer quelques bonnes et cordiales paroles.

Il n’y a entre nous aucun engagement pour l’avenir, ni partiel, ni général, ni pour un volume, ni pour dix, mais il y a, ce qui vaut souvent mieux que les traités, estime sérieuse et réciproque, et réel désir, de mon côté du moins, de continuer les relations d’auteur à éditeur. Je vous répète ce que je vous ai dit déjà à plusieurs reprises, que je désire conserver ma liberté et vous laisser la vôtre, que cela ne m’empêchera en aucune manière d’écouter, et, j’espère, d’accueillir vos propositions, si vous jugez à propos de m’en faire, quand j’aurai un ouvrage prêt à paraître, et que, dans tous les cas, il me semblerait bien difficile, sinon impossible, de faire, avec quelque éditeur que ce soit, un traité d’ensemble avant d’avoir terminé le livre 93. Alors seulement je serai maître de mon loisir, et je pourrai entreprendre, avec suite et sans lacune, la série de mes publications futures. Ce 93 à faire me crée une sorte de servitude ; c’est la servitude d’un devoir ; car il y a du devoir dans ce livre.

Je suis forcé d’ajourner votre proposition, et d’autres ; mais, je vous prie, ne vous méprenez pas. Laissons de côté les petits détails, et soyez sûr qu’il ne tiendra pas à moi que nos relations de cordialité et d’affaires ne continuent, non seulement sans décroître, mais encore en s’améliorant.

Croyez-moi bien affectueusement à vous.

Victor Hugo.

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