À Alfred Sirven.

Hauteville-House, 8 décembre 1867.

... De toutes les prisons, celle que je connais le mieux, c’est l’exil. Voilà seize ans bientôt que je tourne dans cette cage.

Enfant, j’allais jouer au Jardin des plantes, je montais sur le labyrinthe, et j’apercevais un grand toit plat avec une guérite et un soldat flânant, l’arme au bras. Ma mère me disait : C’est une prison !

La prison peut être fort grande. Une chose plate sur laquelle marche le soldat, c’est aujourd’hui l’Europe.

Plus tard, j’ai connu l’intérieur de Sainte-Pélagie par deux de mes vieux amis, Béranger et Lamennais. Béranger, peu de temps avant sa mort, m’écrivait : — J’ai commencé par la prison et vous finissez par l’exil. Et je lui répondais : Tout est bien. Espérons, mon cher ami, l’avenir est une aube.

Je vous serre cordialement la main.

Victor Hugo.

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