À François-Victor. À Madame Victor Hugo.

H.-H., dimanche 28 avril.

La page charmante et émue que tu m’écris, mon Victor, sur cette Introduction est une bonne part de mon succès. Je suis du reste content de l’effet qu’elle a produit en épreuve. Meurice, Vacquerie, Ulbach, m’ont écrit des enthousiasmes. M. Lacroix ferait bien, je crois, de la publier en brochure à part, format des Misérables. J’y mettrais un titre, et cela aiderait à la vente du livre-Paris. — Remets à M. Lacroix le mot très pressé que voici.

Chère Maman bien-aimée, je ne veux pas que vous fatiguiez vos yeux. Victor trouvera sous ce pli et vous remettra, en une traite à vue sur Mallet frères, 1 200 fr. qui se décomposent ainsi :

Voici la guerre. La stricte économie est plus nécessaire que jamais. Hernani, je le crains, sera fort ruiné par ces batailles qui vont éclater en même temps. Les fameux 6 000 fr. dus par Bagier, des Italiens, se sont réduits à 1 400 fr. (sur lesquels en payant les 1 100 fr. que t’avait prêtés Auguste, j’ai prélevé 1 000 fr. remis par Meurice à Vacquerie). Il reste 400 fr. Sur ces 400 fr. je prendrai les 300 fr. que tu désires donner à ton oculiste. Auguste pourrait se charger de les toucher chez Meurice. Je lui enverrais un bon pour cela, et il les remettrait à l’oculiste. Si cela t’arrange, écris-le moi et ce sera fait tout de suite. Auguste remboursé, l’oculiste payé, il restera de ce galion du théâtre Italien, 100 fr.

Tout est bien ici. Je travaille à force et sans relâche ; mais les innombrables lettres à écrire m’accablent et me mangent les trois quarts de mon temps.

J’espère que notre chère Alice est mieux, et que le gros Georges prospère effrontément. Je serre toute la maisonnée dans mes vieux bras.

V.

Share on Twitter Share on Facebook