À Jules Claretie.

5 juin.

Mon jeune et cordial confrère,

Quand un homme fait ou essaie de faire, comme moi, une œuvre utile et honnête en présence et à l’encontre de l’immense mauvaise foi, maîtresse du monde, les haines sont acharnées autour de lui, et, point de mire de toutes les fureurs, il sait gré aux intrépides qui viennent dans cette mêlée combattre à ses côtés. Mais lorsque les cœurs intrépides sont en même temps de beaux et radieux esprits, il est plus que reconnaissant, il est attendri. C’est donc mon émotion que je vous envoie.

Vous m’apportez, dans cette lutte pour le progrès, l’aide de votre pensée inspirée et de votre noble et généreux style où tout ce qui est grand, pur et vrai se reflète. Je vous remercie de cette nouvelle page si éloquente sur les Misérables ; je vous en remercie, non pour moi, non pour ce livre, mais pour les souffrants, dont vous êtes l’ami, mais pour l’idéal, dont vous êtes le chevalier.

Vous avez un beau et charmant talent. L’aube d’un esprit est pour moi une chose exquise, et j’aime à sourire à cette lumière-là.

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