À Madame Marie Ménessier-Nodier.

3 septembre.

Chère Marie, je lis votre doux livre. Je pense à votre père et à mon ami. Demain 4 septembre, je mêlerai le souvenir de Charles Nodier au souvenir de ma fille. Tous deux étaient de ce charmant voyage de 1825, dont vous parlez si bien, elle n’ayant encore que l’aube dans les yeux, lui déjà tout couronné de renommée. Penser à la mort, c’est une bonne manière de vivre, et penser aux morts, c’est une bonne manière d’aimer. En lisant votre livre, Marie, on vit et on aime. Vous réveillez l’âme par la douceur de votre voix évoquant le souvenir. Que de pages exquises ! Que de mots qui ont la profondeur tendre et la mélancolie gracieuse ! La grâce, c’est vous, le charme, c’est vous. Votre livre est le miroir de Charles Nodier et le portrait de Marie Nodier. Vous vous êtes peinte en le reflétant. Vous avez son noble esprit et sa douce puissance. Que n’êtes-vous ici ! Je suis dans la solitude verte, dans les fleurs, entouré de ma famille, avec mon petit Georges qui rit comme riait votre petite Georgette. Ma femme, ravie comme moi de votre livre exquis, me commande de vous embrasser. J’obéis, mais je reste à vos pieds.

Victor H.

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