À Madame Marie Ménessier-Nodier.

Dimanche 7 septembre,

Chaudfontaine.

Chère Marie, c’est encore moi. Quand je vous ai écrite il y a quelques jours, j’étais au milieu de votre livre, et je n’ai pas attendu la fin pour vous dire mon enchantement. Aujourd’hui je viens de finir, et c’est mon attendrissement que je vous envoie. Je viens de pleurer tout simplement, et les larmes sont à vous, noble femme, noble cœur, et je vous les donne. Vous êtes la digne fille de ce père ; il me semble qu’à vous deux vous avez une seule âme ; cette âme avait deux rayons ; l’un est remonté là-haut, c’est Charles Nodier ; l’autre est resté sur cette terre, c’est vous. J’ai lu toutes les pages vraies, délicates et douces, en compagnie de ma femme et de quelques amis dans cette solitude. Tout à l’heure, tout le monde a pleuré, la noble femme qui lisait à haute voix (ma femme à cause de ses mauvais yeux ne pouvant lire elle-même) s’est arrêtée, étouffée en sanglots, et a fermé le livre, entourée de cœurs émus et d’yeux en pleurs, et j’ai besoin de vous redire que nous vous aimons.

V. H.

Ne prenez pas la peine de me répondre. Demain nous retournons à Bruxelles. Hélas ! l’absent est mort. Paris même pour moi n’est plus. J’embrasse ces anges que vous appelez vos filles.

Share on Twitter Share on Facebook