À Paul Meurice.

H.-H., 25 nov.

Je commence, comme toujours, par vous obéir. Voici le traité signé. Maintenant voici quelles seraient mes raisons pour ne point le signer :

1° Vous avez reçu ma lettre d’hier (et ce qu’elle contenait). Vous y avez vu la mention d’un mot de M. Chilly contre Hernani et Ruy Blas (l’exil écrémé) trouvé charmant par Dumas (il faut toujours tout pardonner à Dumas) et envoyé par lui au Figaro, qui a fait à Chilly (et à Dumas) la malice de le publier.

2° M. Chilly n’ayant point démenti le mot, il est acquis.

3° M. Chilly prenant cette situation nouvelle, il m’importait (je crois) de garder vis-à-vis de lui ma situation ancienne.

4° Or, ce traité est, dans mes relations avec l’Odéon, ce qu’on appelle en charabia de droit, une novation.

5° Bien que la date reste la même, si M. Chilly veut, il s’en servira contre l’ancien traité (un même objet ne pouvant être régi par deux traités différents) et M. Chilly serait toujours bien sûr d’avoir les tribunaux pour lui.

5° Si sûr, que je me garderais bien d’y recourir. Je laisserais l’affaire Ruy Blas tomber dans l’eau, et M. Chilly tomber dans la légion d’honneur.

Pesez ceci, avec Vacquerie, et décidez souverainement. Si vous jetez le traité au feu, c’est que j’ai raison. Si vous le remettez à Chilly, c’est que j’ai tort. Vous ne pouvez vous tromper.

Je vous serre dans mes bras.

Ma lettre grosse d’hier vous est bien arrivée ?

Ex imo tuus.

V.Bibliothèque Nationale.

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