À Paul Meurice.

H.-H., dimanche 8 décembre.

Je pousse le cri de Guernesey. Bonaparte bâillonne mon théâtre. C’est bien. Voilà Ruy Blas interdit et vous allez voir Hernani arrêté. Puis le silence se refera sur mon œuvre dramatique. Que pense M. Dumas de l’exil écrémé ? Il est vrai que de votre Hamlet il dit mon Hamlet. Tout est bien.

J’ai fait mon devoir, et je suis content.

Non, je n’écrirai pas à M. Chilly. Au bâillon je réponds par le silence.

Je vous donne absolument carte blanche, mon doux et généreux ami, à vous et à mon cher Vacquerie. Vous êtes là, et vous savez mieux que moi ce qu’il faut faire. Faites pour le mieux.

Cher Meurice, que me font mes aventures ! Vous venez d’avoir coup sur coup deux triomphes, Les Bois Doré et Hamlet. Je me réfugie sous votre auréole, et ma foi, elle me va.

Je pense que vous avez reçu mon dernier envoi, contenant la Voix de Guernesey pour madame Sand. Dans cette lettre, je vous parlais beaucoup de vous. Dans celle-ci je ne vous parle que de moi. Mais vous savez bien la place que tiennent dans mon cœur vos bonheurs, vos tristesses, vos joies.

Je veux rester sur ce mot, et espérer.

Tuus.

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