II

Fêtes dans les cités, fêtes dans les campagnes !

Les cieux n’ont plus d’enfers, les lois n’ont plus de bagnes.

Où donc est l’échafaud ? ce monstre a disparu.

Tout renaît. Le bonheur de chacun est accru

De la félicité des nations entières.

Plus de soldats l’épée au poing, plus de frontières,

Plus de fisc, plus de glaive ayant forme de croix.

L’Europe en rougissant dit : — Quoi ! j’avais des rois !

Et l’Amérique dit. — Quoi ! j’avais des esclaves !

Science, art, poésie, ont dissous les entraves

De tout le genre humain. Où sont les maux soufferts ?

Les libres pieds de l’homme ont oublié les fers.

Tout l’univers n’est plus qu’une famille unie.

Le saint labeur de tous se fond en harmonie ;

Et la société, qui d’hymnes retentit,

Accueille avec transport l’effort du plus petit ;

L’ouvrage du plus humble au fond de sa chaumière

Émeut l’immense peuple heureux dans la lumière ;

Toute l’humanité, dans sa splendide ampleur,

Sent le don que lui fait le moindre travailleur ;

Ainsi les verts sapins, vainqueurs des avalanches,

Les grands chênes remplis de feuilles et de branches,

Les vieux cèdres touffus, plus durs que le granit,

Quand la fauvette en mai vient y faire son nid,

Tressaillent dans leur force et leur hauteur superbe,

Tout joyeux qu’un oiseau leur apporte un brin d’herbe.

Radieux avenir ! essor universel !

Épanouissement de l’homme sous le ciel !

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