IV

Ah ! ce qu’ils font est l’œuvre auguste.

Ces histrions sont les héros !

Ils sont le vrai, le saint, le juste,

Apparaissant à nos barreaux.

Nous sentons, dans la nuit mortelle,

La cage en même temps que l’aile ;

Ils nous font espérer un peu ;

Ils sont lumière et nourriture ;

Ils donnent aux cœurs la pâture,

Ils émiettent aux âmes Dieu !

Devant notre race asservie

Le ciel se tait, et rien n’en sort.

Est-ce le rideau de la vie ?

Est-ce le voile de la mort ?

Ténèbres ! l’âme en vain s’élance,

L’Inconnu garde le silence,

Et l’homme, qui se sent banni,

Ne sait s’il redoute ou s’il aime

Cette lividité suprême

De l’énigme et de l’infini.

Eux, ils parlent à ce mystère !

Ils interrogent l’éternel,

Ils appellent le solitaire,

Ils montent, ils frappent au ciel,

Disent : Es-tu là ? dans la tombe,

Volent, pareils à la colombe

Offrant le rameau qu’elle tient,

Et leur voix est grave, humble ou tendre,

Et par moments on croit entendre

Le pas sourd de quelqu’un qui vient.

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