III

Un golfe aux vertes collines

Se mirant dans le flot clair ! —

Des buffles, des javelines,

Et des chants joyeux dans l’air !

C’était la tente et la crèche,

La tribu qui chasse et pêche,

Qui vit libre, et dont la flèche

Jouterait avec l’éclair.

Pour ces errantes familles

Jamais l’air ne se corrompt.

Les enfants, les jeunes filles,

Les guerriers dansaient en rond,

Autour d’un feu sur la grève,

Que le vent courbe et relève,

Pareils aux esprits qu’en rêve

On voit tourner sur son front.

Les vierges aux seins d’ébène,

Belles comme les beaux soirs,

Riaient de se voir à peine

Dans le cuivre des miroirs ;

D’autres, joyeuses comme elles,

Faisaient jaillir des mamelles

De leurs dociles chamelles

Un lait blanc sous leurs doigts noirs.

Les hommes, les femmes nues,

Se baignaient au gouffre amer. —

Ces peuplades inconnues,

Où passaient-elles hier ? —

La voix grêle des cymbales,

Qui fait hennir les cavales,

Se mêlait par intervalles

Aux bruits de la grande mer.

*

La nuée un moment hésita dans l’espace.

— Est-ce là ? — Nul ne sait qui lui répondit : — Passe !

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