V

Du sable, puis du sable !

Le désert ! noir chaos

Toujours inépuisable

En monstres, en fléaux !

Ici rien ne s’arrête.

Ces monts à jaune crête,

Quand souffle la tempête,

Roulent comme des flots !

Parfois, de bruits profanes

Troublant ce lieu sacré,

Passent les caravanes

D’Ophir ou de Membré.

L’œil de loin suit leur foule

Qui sur l’ardente houle

Ondule et se déroule

Comme un serpent marbré.

Ces solitudes mornes,

Ces déserts sont à Dieu ;

Lui seul en sait les bornes,

En marque le milieu.

Toujours plane une brume

Sur cette mer qui fume

Et jette pour écume

Une cendre de feu.

*

— Faut-il changer en lac ce désert ? dit la nue.

— Plus loin ! dit l’autre voix du fond des cieux venue.

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