IV

N’est-ce pas ? c’est ainsi qu’en ton cerveau, sans bruit, L’édifice s’ébauche et l’œuvre se construit ? C’est là ce qui se passe en ta grande âme émue Quand tout un panthéon ténébreux s’y remue ? C’est ainsi, n’est-ce pas, ô maître ? que s’unit L’homme à l’architecture et l’idée au granit ? Oh ! qu’en ces instants-là ta fonction est haute ! Au seuil de ton fronton tu reçois comme un hôte Ces hommes plus qu’humains. Sur un bloc de Paros Tu t’assieds face à face avec tous ces héros. Et là, devant tes yeux qui jamais ne défaillent, Ces ombres, qui seront bronze et marbre, tressaillent. L’avenir est à toi, ce but de tous leurs vœux, Et tu peux le donner, ô maître, à qui tu veux ! Toi, répandant sur tous ton équité complète,

Prêtre autant que sculpteur, juge autant que poète, Accueillant celui-ci, rejetant celui-là, Louant Napoléon, gourmandant Attila, Parfois grandissant l’un par le contact de l’autre, Dérangeant le guerrier pour mieux placer l’apôtre, Tu fais des dieux ! — tu dis, abaissant ta hauteur, Au pauvre vieux soldat, à l’humble vieux pasteur : — Entrez ; je vous connais. Vos couronnes sont prêtes. Et tu dis à des rois : — Je ne sais qui vous êtes.

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