VII

Mais toi ! rien n’atteindra ta majesté pudique,

Porte sainte ! jamais ton marbre véridique

Ne sera profané.

Ton cintre virginal sera pur sous la nue ;

Et les peuples à naître accourront tête nue

Vers ton front couronné !

Toujours le pâtre, au loin accroupi dans les seigles,

Verra sur ton sommet planer un cercle d’aigles.

Les chaînes à tes blocs noueront leur large tronc.

La gloire sur ta cime allumera son phare.

Ce n’est qu’en te chantant une haute fanfare

Que sous ton arc altier les siècles passeront.

Jamais rien qui ressemble à quelque ancienne honte

N’osera sur ton mur où le flot des ans monte

Répandre sa noirceur.

Tu pourras, dans ces champs où vous resterez seules,

Contempler fièrement les deux tours tes aïeules,

La colonne ta sœur !

C’est qu’on na pas caché de crime dans ta base,

Ni dans tes fondements de sang qui s’extravase !

C’est qu’on ne te fit point d’un ciment hasardeux !

C’est qu’aucun noir forfait, semé dans ta racine

Pour jeter quelque jour son ombre à ta ruine,

Ne mêle à tes lauriers son feuillage hideux !

Tandis que ces cités, dans leur cendre enfouies,

Furent pleines jadis d’actions inouïes,

Ivres de sang versé,

Si bien que le Seigneur a dit à la nature :

Refais-toi des palais dans cette architecture

Dont l’homme a mal usé !

Aussi tout est fini. Le chacal les visites ;

Les murs vont décroissant sous l’herbe parasite ;

L’étang s’installe et dort sous le dôme brisé ;

Sur les Nérons sculptés marche la bête fauve ;

L’antre se creuse où fut l’incestueuse alcôve.

Le tigre peut venir où le crime a passé !