IX

Repose, fils de France, en ta tombe exilée !

Dormez, sire ! – Il convient que cette ombre voilée,

Que ce vieux pasteur mort sans peuple et sans troupeaux,

Roi presque séculaire, ait au moins le repos,

Qu’il ait au moins la paix où la mort nous convie,

Puisqu’il eut le travail d’une si dure vie !

Peuple ! soyons cléments ! soyons forts ! oublions !

Jamais l’odeur des morts n’attire les lions.

La haine d’un grand peuple est une haine grande

Qui veut que le pardon au sépulcre descende

Et n’a pour ennemis que ceux qui sont debout.

Hélas ! quel poids encor pourrions-nous après tout

Jeter sur ce vieillard cassé par la misère

Qui dort sous le fardeau de la terre étrangère !

Roi, puissant, vous l’avez brisé ; c’est un grand pas.

Il faut l’épargner mort. Et moi, je ne crois pas

Qu’il soit digne du peuple en qui Dieu se reflète

De joindre au bras qui tue une main qui soufflette.

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