III

Roland ! — N’est-il pas vrai, noble élu de la guerre,

Que ton ombre, éveillée aux cris de nos guerriers,

Aux champs de Roncevaux lorsqu’ils passaient naguère,

Les prit pour d’anciens chevaliers ?

Car le héros, assis sur sa tombe célèbre,

Les voyait, vers les bords de l’Èbre

Déployant leur vol immortel,

Du haut des monts, pareils à l’aigle ouvrant ses ailes,

Secouer, pour chasser de nouveaux infidèles,

L’éclatant cimier de Martel !

Mais un autre héros encore,

Pélage, l’effroi des tyrans,

Pélage, autre vainqueur du Maure,

Dans les cieux saluait nos rangs ;

Au char où notre gloire brille,

Il attelait de la Castille

Le vieux lion fier et soumis ;

Répétant notre cri d’alarmes,

Il mêlait sa lance à nos armes,

Et sa voix nous disait : Amis !