IV

Des pas d’un conquérant l’Espagne encor fumante

Pleurait, prostituée à notre liberté,

Entre les bras sanglants de l’effroyable amante,

Sa royale virginité.

Ce peuple altier, chargé de despotes vulgaires,

Maudissait, épuisé de guerres,

Le monstre, en ses champs accouru ;

Si las des vils tribuns et des tyrans serviles,

Que lui-même appelait l’étranger dans ses villes,

Sans frémir d’être secouru !

Les français sont venus. — Du Rhin jusqu’au Bosphore,

Peuples de l’aquilon, du couchant, du midi,

Pourquoi, vous dont le front, que l’effroi trouble encore,

Se courba sous leur pied hardi,

Nations, de la veille à leur chaîne échappées,

Qu’on vit tomber sous leurs épées,

Ou qui par eux avez vécu,

Empires, potentats, cités, royaumes, princes !

Pourquoi, puissants états, qui fûtes nos provinces,

Me demander s’ils ont vaincu ?

Ils ont appris à l’anarchie

Ce que pèse le fer gaulois ;

Mais par eux l’Espagne affranchie

Ne peut rougir de leurs exploits ;

Tous les peuples, que Dieu seconde,

Quand l’hydre, en désastre féconde,

Tourne vers eux son triple dard,

Ont, ligués contre sa furie,

Le temple pour même patrie,

La croix pour commun étendard.

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