Pourtant, que désormais Madrid taise à l’histoire
Des succès trop longtemps par son orgueil redits,
Et le royal captif que l’ingrate victoire
Dans ses murs envoya jadis.
Cadix nous a vengés de l’affront de Pavie.
À l’ombre d’un héros ravie
La gloire a rendu tous ses droits ;
Oubliant quel français a porté ses entraves,
La fière Espagne a vu si les mains de nos braves
Savent briser les fers des rois !
Préparez, Castillans, des fêtes solennelles,
Des murs de Saragosse aux champs d’Almonacid.
Mêlez à nos lauriers vos palmes fraternelles ;
Chantez Bayard ; — chantons le Cid !
Qu’au vieil Escurial le vieux Louvre réponde ;
Que votre drapeau se confonde
À nos drapeaux victorieux ;
Que Gadès édifie un auteur sur sa plage !
Que de lui-même, aux monts d’où se leva Pélage,
S’allume un feu mystérieux !
Pour témoigner de leurs paroles,
Où sont ces nouveaux Décius ?
Le brasier attend les Scévoles !
Le gouffre attend les Curtius !
Quoi ! traînant leurs fronts dans la poudre,
Tous, de Bourbon, qui tient la foudre,
Embrassent les sacrés genoux !… —
Ah ! la victoire est généreuse,
Leur cause inique est malheureuse,
Ils sont vaincus, ils sont absous !