V

Pourtant, que désormais Madrid taise à l’histoire

Des succès trop longtemps par son orgueil redits,

Et le royal captif que l’ingrate victoire

Dans ses murs envoya jadis.

Cadix nous a vengés de l’affront de Pavie.

À l’ombre d’un héros ravie

La gloire a rendu tous ses droits ;

Oubliant quel français a porté ses entraves,

La fière Espagne a vu si les mains de nos braves

Savent briser les fers des rois !

Préparez, Castillans, des fêtes solennelles,

Des murs de Saragosse aux champs d’Almonacid.

Mêlez à nos lauriers vos palmes fraternelles ;

Chantez Bayard ; — chantons le Cid !

Qu’au vieil Escurial le vieux Louvre réponde ;

Que votre drapeau se confonde

À nos drapeaux victorieux ;

Que Gadès édifie un auteur sur sa plage !

Que de lui-même, aux monts d’où se leva Pélage,

S’allume un feu mystérieux !

Pour témoigner de leurs paroles,

Où sont ces nouveaux Décius ?

Le brasier attend les Scévoles !

Le gouffre attend les Curtius !

Quoi ! traînant leurs fronts dans la poudre,

Tous, de Bourbon, qui tient la foudre,

Embrassent les sacrés genoux !… —

Ah ! la victoire est généreuse,

Leur cause inique est malheureuse,

Ils sont vaincus, ils sont absous !

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