III

Quel est cet enfant débile

Qu’on porte aux sacrés parvis ?

Toute une foule immobile

Le suit de ses yeux ravis ;

Son front est nu, ses mains tremblent,

Ses pieds, que des nœuds rassemblent,

N’ont point commencé de pas ;

La faiblesse encor l’enchaîne ;

Son regard ne voit qu’à peine

Et sa voix ne parle pas.

C’est un roi parmi les hommes ;

En entrant dans le saint lieu,

Il devient ce que nous sommes :

C’est un homme aux pieds de Dieu.

Cet enfant est notre joie ;

Dieu pour sauveur nous l’envoie ;

Sa loi l’abaisse aujourd’hui.

Les rois, qu’arme son tonnerre,

Sont tout par lui sur la terre,

Et ne sont rien devant lui.

Que tout tremble et s’humilie.

L’orgueil mortel parle en vain ;

Le lion royal se plie

Au joug de l’agneau divin.

Le Père, entouré d’étoiles,

Vers l’Enfant, faible et sans voiles,

Descend, sur les vents porté ;

L’Esprit-Saint de feux l’inonde ;

Il n’est encor né qu’au monde,

Qu’il naisse à l’éternité !

Marie, aux rayons modeste,

Heureuse et priant toujours,

Guide les vierges célestes

Vers son vieux temple aux deux tours.

Toutes les saintes armées,

Parmi les soleils semées,

Suivent son char triomphant ;

La Charité les devance,

La Foi brille, et l’Espérance

S’assied près de l’humble Enfant !

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