II

Eh quoi ! sont-ils donc loin, ces jours de notre histoire

Où Paris sur son prince osa lever son bras ?

Où l’aspect de Henri, ses vertus, sa mémoire,

N’ont pu désarmer des ingrats ?

Que dis-je ? ils ont détruit sa statue adorée.

Hélas ! cette horde égarée

Mutilait l’airain renversé ;

Et cependant, des morts souillant le saint asile,

Leur sacrilège main demandait à l’argile

L’empreinte de son front glacé !

Voulaient-ils donc jouir d’un portrait plus fidèle

Du héros dont leur haine a payé les bienfaits ?

Voulaient-ils, réprouvant leur fureur criminelle,

Le rendre à nos yeux satisfaits ?

Non ; mais c’était trop peu de briser son image ;

Ils venaient encor, dans leur rage,

Briser son cercueil outragé ;

Tel, troublant le désert d’un rugissement sombre,

Le tigre, en se jouant, cherche à dévorer l’ombre

Du cadavre qu’il a rongé.

Assis près de la Seine, en mes douleurs amères,

Je me disais : La Seine arrose encore Ivry,

Et les flots sont passés où, du temps de nos pères,

Se peignaient les traits de Henri.

Nous ne verrons jamais l’image vénérée

D’un roi qu’à la France éplorée

Enleva sitôt le trépas ;

Sans saluer Henri nous irons aux batailles,

Et l’étranger viendra chercher dans nos murailles

Un héros qu’il n’y verra pas.

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