I

Fils du ciel, je fuirai les honneurs de la terre ;

Dans mon abaissement je mettrai mon orgueil ;

Je suis le roi banni, superbe et solitaire,

Qui veut le trône ou le cercueil.

Je hais le bruit du monde, et je crains sa poussière.

La retraite, paisible et fière,

Réclame un cœur indépendant ;

Je ne veux point d’esclave, et ne veux point de maître ;

Laissez-moi rêver seul au désert de mon être : —

J’y cherche le buisson ardent.

Toi, qu’aux douleurs de l’homme un Dieu caché convie,

Compagne sous les cieux de l’humble humanité,

Passagère immortelle, esclave de la vie,

Et reine de l’éternité,

Âme ! aux instants heureux comme aux heures funèbres,

Rayonne au fond de mes ténèbres,

Règne sur mes sens combattus ;

Oh ! de ton sceptre d’or romps leur chaîne fatale,

Et nuit et jour, pareille à l’antique vestale,

Veille au feu sacré des vertus.

Est-ce toi dont le souffle a visité ma lyre,

Ma lyre, chaste sœur des harpes de Sion ;

Et qui viens dans ma nuit, avec un doux sourire,

Comme une belle vision ?

Sur mes terrestres fers, ô vierge glorieuse,

Pose l’aile mystérieuse

Qui t’emporte au ciel dévoilé.

Viens-tu m’apprendre, écho de la voix infinie,

Quelque secret d’amour, de joie ou d’harmonie,

Que les anges t’ont révélé ?

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