II

Vis-tu ces temps d’innocence,

Où, quand rien n’était maudit,

Dieu, content de sa puissance,

Fit le monde, et s’applaudit ?

Vis-tu, dans ces jours prospères,

Du jeune aïeul de nos pères

Ève enchanter le réveil,

Et, dans la sainte phalange,

Au front du premier archange

Luire le premier soleil ?

Vis-tu, des torrents de l’être,

Parmi de brûlants sillons,

Les astres, joyeux de naître,

S’échapper en tourbillons ;

Quand Dieu, dans sa paix féconde,

Penché de loin sur le monde,

Contemplait ces grands tableaux,

Lui, centre commun des âmes,

Foyer de toutes les flammes,

Océan de tous les flots ?

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