Ce ne sont point là tes paroles,
Toi dont nul n’a jamais douté,
Toi qui sans relâche t’immoles
Au culte de la Vérité !
Victime, et vengeur des victimes,
Ton cœur aux dévouements sublimes
S’offrit en tout temps, en tout lieu ;
Toute ta vie est un exemple,
Et ta grande âme est comme un temple
D’où ne sort que la voix d’un Dieu.
Il suffit de ton témoignage
Pour que tout mortel, incliné,
Aille rendre un public hommage
À ce qu’il avait profané.
Ta bouche, pareille au temps même,
N’a besoin que d’un mot suprême
Pour récompenser ou punir,
Et, parlant plus haut dans notre âge
Que la flatterie et l’outrage,
Dicte l’histoire à l’avenir !
Puisqu’il n’est plus d’autres miracles
Que les hommes nés parmi nous,
Tu succèdes aux vieux oracles
Que l’on écoutait à genoux.
À ta voix, qui juge les races,
Nos demi-dieux changent de places,
Comme, à des chants mystérieux,
Quand la nuit déroulait ses voiles,
Jadis on voyait les étoiles
Descendre ou monter dans les cieux !
Pour mériter ce rang auguste
Aux vertus par le ciel offert,
Qui plus que lui fut noble et juste ?
Et qui, surtout, a plus souffert !
Cet homme a payé tant de gloire
Par des malheurs que la mémoire
Ne peut rappeler sans effroi ;
C’est un enfant des scandinaves ;
C’est Gustave, fils des Gustaves ;
C’est un exilé ; — c’est un roi !