II

Ce ne sont point là tes paroles,

Toi dont nul n’a jamais douté,

Toi qui sans relâche t’immoles

Au culte de la Vérité !

Victime, et vengeur des victimes,

Ton cœur aux dévouements sublimes

S’offrit en tout temps, en tout lieu ;

Toute ta vie est un exemple,

Et ta grande âme est comme un temple

D’où ne sort que la voix d’un Dieu.

Il suffit de ton témoignage

Pour que tout mortel, incliné,

Aille rendre un public hommage

À ce qu’il avait profané.

Ta bouche, pareille au temps même,

N’a besoin que d’un mot suprême
Pour récompenser ou punir,

Et, parlant plus haut dans notre âge

Que la flatterie et l’outrage,

Dicte l’histoire à l’avenir !

Puisqu’il n’est plus d’autres miracles

Que les hommes nés parmi nous,

Tu succèdes aux vieux oracles

Que l’on écoutait à genoux.

À ta voix, qui juge les races,

Nos demi-dieux changent de places,

Comme, à des chants mystérieux,

Quand la nuit déroulait ses voiles,

Jadis on voyait les étoiles

Descendre ou monter dans les cieux !

Pour mériter ce rang auguste

Aux vertus par le ciel offert,

Qui plus que lui fut noble et juste ?

Et qui, surtout, a plus souffert !

Cet homme a payé tant de gloire

Par des malheurs que la mémoire

Ne peut rappeler sans effroi ;

C’est un enfant des scandinaves ;

C’est Gustave, fils des Gustaves ;

C’est un exilé ; — c’est un roi !

Share on Twitter Share on Facebook