IV

Combien d’un tel exil diffère

Le malheur du tyran banni,

Lorsqu’au fond de l’autre hémisphère

Il tomba, confus et puni !

Quand sous la haine universelle

L’usurpateur enfin chancelle,

Dans sa chute il est insulté ;

En vain il lutte, opiniâtre,

Et de sa pourpre de théâtre

Rien ne reste à sa nudité !

Sa morne infortune est pareille

À la mer aux bords détestés,

Dont l’eau morte à jamais sommeille

Sur de fastueuses cités.

Ce lac, noir vengeur de leurs crimes,

Du ciel, qui maudit ses abîmes,

Ne peut réfléchir les tableaux ;

Et l’œil cherche en vain quelque dôme

De l’éblouissante Sodome,

Sous les ténèbres de ses flots.

Gustave ! âme forte et loyale !

Si parfois, d’un bras raffermi,

Tu reprends ta robe royale,

C’est pour couvrir quelque ennemi.

Dans ta retraite que j’envie,

Tu portes sur ta noble vie

Un souvenir calme et sans fiel ;

Reine, comme toi sans asile,

La Vertu, que la terre exile,

Dans ton grand cœur retrouve un ciel !

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