Combien d’un tel exil diffère
Le malheur du tyran banni,
Lorsqu’au fond de l’autre hémisphère
Il tomba, confus et puni !
Quand sous la haine universelle
L’usurpateur enfin chancelle,
Dans sa chute il est insulté ;
En vain il lutte, opiniâtre,
Et de sa pourpre de théâtre
Rien ne reste à sa nudité !
Sa morne infortune est pareille
À la mer aux bords détestés,
Dont l’eau morte à jamais sommeille
Sur de fastueuses cités.
Ce lac, noir vengeur de leurs crimes,
Du ciel, qui maudit ses abîmes,
Ne peut réfléchir les tableaux ;
Et l’œil cherche en vain quelque dôme
De l’éblouissante Sodome,
Sous les ténèbres de ses flots.
Gustave ! âme forte et loyale !
Si parfois, d’un bras raffermi,
Tu reprends ta robe royale,
C’est pour couvrir quelque ennemi.
Dans ta retraite que j’envie,
Tu portes sur ta noble vie
Un souvenir calme et sans fiel ;
Reine, comme toi sans asile,
La Vertu, que la terre exile,
Dans ton grand cœur retrouve un ciel !