À toi,
ÉLIE LE SAGE
frère de Cosma et mon conseiller, à toi de nous faire savoir qui tu es et pour quelles raisons tu as embrassé la vie de haïdouc, dit Floarea Codrilor, notre capitaine.
Élie posa sa caciula par terre avec un mouvement lent. Savait-il, peut-être, qu’en nous découvrant son front sans plis et sa crinière de haïdouc, il nous montrait une tête unique par son calme ? C’était une figure de métropolite guerrier, sachant tuer entre deux prières, boire et manger entre deux tueries. Ses yeux noirs, clairs, précis, ni timides ni audacieux, disaient fermement : paix à vous, ou je vous assomme ! Cependant, une lumière de martyr, hésitant entre la vie et la mort, flottait éternellement sur cette longue barbe tramée de noir corbeau et de blanc d’argent, qui engloutissait une moustache embroussaillée, redoutable gardienne d’une bouche prête à chaque instant à lâcher ce mot incompréhensible : Justice !
Il le lâcha en commençant son récit.